Transcription
Loïc Bussières : À l’écoute de RFI, il est 21h à Paris, 20h en temps universel.
Bonsoir et bienvenue dans votre Journal en français facile. Zéphyrin Kouadio est à mes côtés pour vous présenter cette édition. Bonsoir Zéphyrin.
Zéphirin Kouadio : Bonsoir Loïc, bonsoir à toutes et à tous.
LB : À la Une de cette édition, au moins 46 000 personnes à Paris pour la « marche des libertés ». Une manifestation contre la loi « sécurité globale », mais aussi contre les violences policières, deux jours après les révélations de l'affaire Michel Zecler.
ZK : À la Une également, le pape qui nomme pour la première fois un cardinal afro-américain. L’archevêque de Washington, Wilton Gregory. On y revient dans un instant.
LB : Et puis, nous irons à Cuba où des artistes manifestaient hier devant le ministère de la Culture. Ils réclament plus de liberté de création et d’expression.
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ZK : Tout d'abord, cette journée de mobilisation partout en France contre le projet de loi « sécurité globale ».
LB : Plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues ce samedi. Avec notamment une très forte affluence à Paris où le ministère de l'Intérieur a compté 46 000 manifestants. Une foule très compacte, très dense donc, alors que la fronde contre l'article 24 du texte a pris une nouvelle dimension cette semaine après le passage à tabac filmé du producteur Michel Zecler, violemment frappé par trois policiers. Compte rendu de cet après-midi à Paris avec Pierre Olivier.
Sous un grand soleil, des milliers de manifestants se sont réunis dès 13h place de la République. Parmi eux beaucoup de jeunes, collégiens ou lycéens, pancartes à la main sur lesquelles on pouvait lire par exemple : « Je me sens plus protégé par mon portable que par la police ». Allusion bien sûr à l'article 24 du projet de loi « sécurité globale », celui qui cristallise les désaccords et en grande partie à l'origine de cette journée de mobilisation. Tout au long du cortège, très dense et qui avançait à vitesse réduite, de nombreux manifestants expliquaient avoir décidé de venir ce samedi après avoir vu la vidéo du producteur Michel Zecler battu par trois policiers. « Que lui serait-il arrivé sans ces images ? », se demandent beaucoup de manifestants pour qui cette vidéo est la preuve qu'il ne faut surtout pas interdire de filmer les policiers. Vers 16h30, c'est une véritable marée humaine qui a submergée la place de la Bastille. En marge du cortège, des affrontements ont alors éclaté entre des éléments violents vêtus de noir et les forces de l'ordre présentes en nombre sur place.
LB : Pierre Olivier.
Justement, concernant l'affaire Michel Zecler, la garde à vue des quatre policiers mis en cause dans le passage à tabac du producteur de musique a été prolongée de 24 heures. C'est ce qu'indique ce soir le parquet de Paris.
ZK : Toujours en France, l'actualité de ce samedi, c'est aussi la réouverture de tous les commerces dits « non essentiels ».
LB : Première étape vers le déconfinement, avec l'assouplissement des règles de déplacements, alors que l'épidémie de Covid perd peu à peu du terrain. Selon en tous cas, les chiffres de Santé publique France qui compte 12 580 nouveaux cas ce soir, c'est légèrement plus qu'hier. Le nombre d'hospitalisation continue sa baisse avec 28 139 personnes prises en charges contre 28 620 la veille. 213 décès sont également relevés.
ZK : Vous écoutez Radio France internationale, il est 15h04 à Washington.
Le pape François a nommé aujourd'hui 13 nouveaux cardinaux, mais l'un d'entre eux fait tout particulièrement parler de lui.
LB : L’archevêque de Washington. Et pour cause, Wilton Gregory devient le premier cardinal afro-américain de l’Église catholique. La cérémonie s'est tenue aujourd'hui à Rome. Correspondance aux États-Unis, Éric de Salve.
« Un choix très important, confie-t-il à l’AFP, qui marque le soutien de l’Église catholique à la communauté afro-américaine. À ce stade, dit-il, je suis un individu symbole. » Depuis dix-huit mois, Wilton Gregory, 72 ans, était déjà le premier archevêque noir de Washington. Aux États-Unis, le religieux n’a pas hésité à fustiger Donald Trump quand son turbulent voisin de la capitale américaine s’est affiché Bible à la main pour une séance photo en pleine manifestation du mouvement Black Lives Matter, après la mort de George Floyd. Une instrumentalisation de la religion avait-il dit. Mais ce sont surtout ses appels à la tolérance zéro contre les nombreux prêtres catholiques pédophiles qui l’ont fait connaitre au début des années 2000 aux États-Unis. L’archevêque est réputé modéré dans une église catholique américaine très divisée entre modernistes et ultra conservateurs, souvent hostiles au pape François et aux positions pro avortement du président élu Joe Biden, lui-même catholique pratiquant. Éric de Salve, San Francisco, RFI.
ZK : En Ethiopie, Abiy Ahmed affirme que son armé a pris le contrôle de Mekele.
LB : Mekele, la capitale régionale du Tigré. Le Premier ministre éthiopien avait lancé, jeudi, une opération militaire sur la ville, après trois semaines de combats dans cette région dissidente du nord du pays, région gouvernée par le Front de libération du peuple du Tigré.
ZK : Cette déclaration du secrétaire général de l'ONU, qui appelle à la retenue, après l'assassinat d'un scientifique en Iran.
LB : Mohsen Fakhrizadeh, une figure du programme nucléaire. Pour Téhéran, cet assassinat est l'œuvre d'Israël, accusée par le président Rohani de vouloir semer « le chaos ». « Nous condamnons tout assassinat ou meurtre illégal », réagit ce soir Antonio Guterres, qui demande dans le même temps « d'éviter toute action qui pourrait mener à une aggravation des tensions » au Moyen-Orient
ZK : Dans le Haut-Karabakh, quinze jours après la fin des combats, l’Azerbaïdjan reprend petit à petit possession des territoires cédés par l’Arménie.
LB : L’Azerbaïdjan qui est sorti grand vainqueur de ce conflit. Nos envoyés spéciaux Vincent Souriau et Jad El Khoury se sont rendus dans l’un de ces districts rendus par Erevan, dans la ville d’Aghdam précisément, à l’est du Haut-Karabakh, où les forces azerbaïdjanaises ont une priorité : déminer, pour permettre le retour des déplacés. Reportage.
Ce bulldozer est actionné à distance par deux démineurs. Ils portent des visières blindées, d’énormes gilets de protection, et ils se servent d’une télécommande pour diriger leur robot vers les zones minées. Sous le commandement d’Idris Ismayilov, le patron de l’Anama, l’Agence nationale de déminage en Azerbaïdjan : « Vous voyez qu’on a déjà nettoyé presque sept kilomètres de terrain autour de la route, ensuite il va falloir faire les champs parce que c’est là que l’électricité, le gaz et les communications vont passer. La deuxième phase, c’est les zones résidentielles et on terminera avec les surfaces agricoles pour pouvoir relancer les plantations. » Le travail s’annonce gigantesque, car depuis la fin des combats, il y a deux semaines, l’Anama a déjà répertorié 7 500 engins explosifs dans les territoires repris à l’Arménie. Il faudra des années avant qu’Aghdam retrouve son intégrité : « D’après ce qu’on a vu en reconnaissance, il y a du danger sur 80 à 85% des terres qu’on a récupérées. Il y a les mines, ça représente un tiers des objets qu’on a repérés, mais la majorité, c’est les bombes, les obus et les roquettes qui n’ont pas explosé pendant les combats. » Le gouvernement azerbaïdjanais promet que les déplacés d’Aghdam chassés dans les années 1990 pourront très vite revenir chez eux. Difficile à croire, Idris Ismayilov indique qu’à lui seul, le travail de déminage va prendre entre 10 et 15 ans. Jad El Khoury, Vincent Souriau, Aghdam, RFI.
ZK : Direction Cuba, pour refermer ce journal. Cuba qui a vécu, hier soir, une nuit historique.
LB : Plus de 200 jeunes se sont réunis devant le ministère de la Culture. Ils sont parvenus à se faire entendre et à établir le dialogue avec l’État. Les artistes cubains réclament plus de liberté de création et d’expression ! Le récit d’une nuit de protestation à Cuba, Domitille Piron.
L’étincelle qui a fait exploser le mouvement, comme le dit une jeune réalisatrice parmi les deux cents artistes et créateurs devant le ministère de la Culture, c’est l’expulsion jeudi soir par la force des membres du mouvement de San Isidro en grève de la faim pour réclamer la libération d’un des leurs, condamné à six mois de prison pour outrage. Mais les réclamations sont plus larges. Après plusieurs heures devant le ministère, une trentaine de représentants du secteur culturel indépendant ont été reçus par le vice-ministre et sont parvenus à établir le dialogue avec les autorités. L’artiste Tania Bruguera : « Le ministère de la Culture ne peut plus dire qu’il ne connait pas la situation de l’art indépendant à Cuba. Il ne peut plus dire qu’il n’est pas au courant du harcèlement, de la persécution et de la répression qui existe contre l’art indépendant à Cuba. Ils ne peuvent plus dire qu’ils ne savent pas ! » À l’intérieur, l’échange dure plus de quatre heures. À l’extérieur des centaines de jeunes réunis, dans le calme, assis dans la rue, ils entonnent des chansons, discutent et applaudissent toutes les quinze minutes pour se faire entendre à l’intérieur. Dans les rues alentours, le dispositif policier se renforce, les rues sont encerclées, la police fait usage de gaz lacrymogène contre ceux qui essayent de rejoindre le mouvement devant le ministère. Puis, sur le parvis apparaissent alors les trente, dont le dramaturge Yunior Garcia, qui sortent en héros : « Ce qui s’est passé aujourd’hui est historique dans notre pays ! Nous croyons pouvoir être optimiste car nous entamons à présent un nouveau dialogue où seront respectées les différences. » Une journée et une nuit de protestations, sous tensions, qui s’achève dans un esprit patriotique par l’hymne national. Domitille Piron, La Havane, RFI.
LB : C’est la fin de ce Journal en français facile, merci à vous de l’avoir suivi.
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