Clap de fin pour le rachat des Chantiers de l’Atlantique par le groupe italien Fincantieri. Après divers rebondissements dans un feuilleton vieux de plus de quatre ans, Paris, principal actionnaire des chantiers de Saint-Nazaire, et Rome ont décidé de ne pas prolonger l'accord de 2018 et d'abandonner l'opération. Officiellement, la principale responsable est l’épidémie de Covid-19. Néanmoins, la houle secoue depuis longtemps ce qui devait devenir « l'Airbus des mers » Tout remonte à 2016. La société coréenne STX Offshore & Shipbuilding, alors propriétaire des chantiers de Saint-Nazaire, fait faillite et est restructurée.Dans la foulée, la justice coréenne retient l'offre de Fincantieri pour le rachat du site français. Il était seul en lice. Au printemps 2017, un accord de rachat est conclu sous la présidence de François Hollande. Finalement, quelques mois plus tard, Emmanuel Macron, fraîchement arrivé à l'Élysée, met un coup de frein au projet et un coup de froid dans les relations bilatérales. L’État annonce vouloir renégocier l'accord et monte au capital à hauteur de 84% des Chantiers de l’Atlantique. En 2018, une nouvelle mouture, laissant toujours la majorité à des actifs italiens, est signée :Fincantieri possèderait 50% des chantiers de l’Atlantique et Paris lui prêterait 1% pendant 12 ans pour laisserau groupe de Trieste le contrôle opérationnel. Un délai prolongé cinq fois Et le dossier est arrivé sur les bureaux de la Commission européenne. Elle a été saisie par la France et l'Allemagne pour examen. Rappelons que la troisième grande entreprise de construction de paquebots en Europe est Meyer Werft. Bruxelles a ouvert une enquête approfondie sur l'impact de la vente sur la concurrence mais n’a jamais pris de décision définitive, le dossier était donc dans une impasse.Bruxelles attendait des informations complémentaires de Fincantieri, mais le groupe public italien assurait en décembre ne pas pouvoir faire mieux. Au total, l’échéance de l’accord a été reportée à 5 reprises. En vain. Alors pourquoi renoncer maintenant ? Dans un communiqué commun, Paris et Rome mettent en avant le contexte économique incertain, en particulier dans le secteur du tourisme.Le texte souligne que, pour ces raisons, la Commission n’a pas pu clôturer la procédure. Craintes de transferts de technologies Mais, on peut difficilement s’empêcher de penser que la pandémie a offert une porte de sortie aux différentes parties. En France, le projet faisait face à l'hostilité d'une partie de la classe politique, et de salariés.Une commission sénatoriale avait même émis un avis défavorable en octobre. Elle s'interrogeait entre autre sur la stratégie de Fincantieri qui possède déjàau moins 18 sites dans le monde. La commission craignait que le travail soit rapatrié en Italie en cas de mauvaise conjoncture. Les détracteurs du projet s'inquiétaient également d'éventuels transferts de savoir-faire en Italie voireen Chine. Fincantieri a en effet récemment noué des relations avec CSSC, un conglomérat chinois. D'un autre côté, des doutes avaient émergé sur la motivation du groupe italien qui, malgré l'octroi de plusieurs délais, n'a pas complété le dossier. La crise économique liée à la pandémie de Covid-19 a donc ajouté du doute au doute mais a permis aux deux partenaires européens de sortir la tête haute de ce dossier sensible sur le plan diplomatique. Coopération franco-italienne Rome et Paris insistent d'ailleurs sur leur volonté de continuer à coopérer dans le secteur maritime. Un programme de construction de ravitailleurs pour la Marine française en coopération entre les Chantiers de l'Atlantique et un site de Fincantieri a été lancé en mai dernier. La joint-venture Naviris, entre Naval group et Fincantieri, est opérationnelle depuis un an. Quant à l’avenir des Chantiers de l’Atlantique, une cellule va être créée pour travailler sur les prochaines options de rachat.Le ministère français de l'économie a l'intention de prendre le temps d'étudier les différents scénarios. Selon une source à Bercy, le constructeur naval avait suscité plusieurs manifestations d'intérêt dans le passé, même si aucune discussion formelle n'avait été engagée.Reste à voir si elles seront renouvelées.Mais pas d'urgence, assure-t-on à Bercy, le carnet de commande est rempli pour plusieurs années.
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