Ce devait être une année positive pour les planteurs de cacao ivoiriens et ghanéens, avec la mise en place du différentiel de revenu décent destiné à améliorer leurs revenus, et un prix bord champ en hausse comme chaque année électorale. Mais le Covid-19 est passé par là. 2020 aura été une année mouvementée pour les cacaoculteurs ivoiriens et ghanéens. Pour le secteur du cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana l’année aura été marquée comme partout par le Covid-19. Même si dans un premier temps, les effets ne se sont pas fait sentir sur les cours ni sur les prix au producteurs. « La pandémie a éclaté dans les deux grands marchés consommateurs - Europe et Amérique du Nord - en avril, quand 80% de la production avait déjà été livrée ou expédiée. Donc au niveau des prix sur les fèves, il n’y a pas eu d’impact immédiat », explique Michel Arrion, directeur exécutif de l’ICCO, l’Organisation internationale du cacao. En revanche, à l’autre bout de la chaîne, les chocolatiers ont été largement impactés par les confinements, la fermeture des boutiques de détails ou des restaurants. « Puis, progressivement, on a vu l’impact remonter la chaîne », ajoute Michel Arrion qui explique qu’entre juillet et septembre « les transformateurs ont moins transformé alors qu’ils avaient déjà acheté leurs fèves ». ► À lire aussi : Cacao : les craintes des intermédiaires sur le maintien de la prime spéciale Ce ralentissement de la demande et cet accroissement des stocks n’a eu qu’un effet limité sur les cours. Mais à cela est venu s’ajouter pour les industriels le fameux DRD, différentiel de revenu décent. Une taxe de 400 dollars par tonnes que la Côte d’Ivoire et le Ghana avaient obtenu de faire payer aux industriels à compter de cette année, et destinée à améliorer le revenu des producteurs. Des producteurs déjà caressés dans le sens du poil en cette année électorale, en Côte d’Ivoire et au Ghana, avec une hausse de 20% du prix au kilo. Mais certains industriels, comme Hershey ou Mars, ont tenté de contourner le mécanisme du DRD (ou LID en anglais), entraînant une épreuve de force avec les États ivoirien et ghanéen. Deux pays qui représentent 62% de la production mondiale de cacao. Un bras de fer qui s’est soldé à l’avantage de ces deux États. ► À écouter aussi : Le géant américain du chocolat Hershey défie les géants africains du cacao Mais les perspectives pour 2021 ne sont pas forcément réjouissantes pour autant. À l’heure des deuxièmes vagues et des reconfinements en Europe et en Amérique, le chocolat s’écoule moins bien qu’une année normale. Et les stocks invendus de fèves grossissent : selon Reuters entre 200 000 et 250 000 tonnes de cacao ivoirien n’avaient pas été écoulées début décembre, soit 12,5 à 15% de la campagne en cours. Les pires chiffres depuis la campagne 1988-89 selon l’agence.
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