Oranges, mandarines, citrons... Leur consommation a ponctuellement rebondi pendant l’épidémie de Covid-19, mais la tendance est plutôt à la stagnation de la demande mondiale d’agrumes, alors que la production explose, de l’Égypte à la Turquie. Face au risque de saturation, les pays producteurs s’organisent pour la première fois. Les 60 pays producteurs d’oranges, mandarines, citrons et autres pamplemousses introduisent enfin un zeste de coopération entre eux. L’Organisation mondiale des agrumes (World Citrus Organisation), créée en septembre de l’an dernier, vient de tenir son premier congrès mondial au début du mois de novembre, le premier « Global Citrus Congress ». Il était temps pour cette filière. Deuxième en volume après la banane avec 13 millions de tonnes échangées par an, elle restait très opaque et fragmentée en une multitude d’acteurs. Menace de surproduction La peur d’un effondrement des prix a motivé les pays producteurs à s’unir. Après une forte croissance de la consommation d’agrumes dans l’ex-Union soviétique et au Moyen-Orient dans les années 2000, ces marchés-clés ne progressent plus depuis 2013. La crise économique en Russie et l’embargo de Moscou sur les produits agricoles européens sont passés par là. La demande stagne dans l’Union européenne, même pour la mandarine, star du début des années 2010. La consommation décline au Japon. Le marché du pamplemousse s’est effondré du fait de ses interactions négatives avec les médicaments. Il n’y a plus que deux régions du monde où la demande d’agrumes progresse : les autres pays d’Asie dont la Chine, et l’Amérique du Nord. Améliorer les statistiques et promouvoir ces agrumes auprès des consommateurs Or l’avalanche de produits grossit depuis que l’Égypte et la Turquie se sont lancées dans les plantations d’agrumes, avec des coûts très bas. Le marché reçoit près de 10% d’oranges supplémentaires depuis trois ans, mais les statistiques manquent, souligne Éric Imbert, économiste du Cirad. Cet organisme français de recherche agronomique a été chargé d’analyser les données que lui livreront désormais les pays membres de l’Organisation mondiale des agrumes. Un effort de transparence qui devrait permettre aux acteurs de la filière de ne plus avancer à l’aveuglette et de faire les bons choix, notamment de variétés. La nouvelle organisation mondiale des agrumes sera également chargée de mieux promouvoir ces fruits auprès du consommateur. Le citron est le seul qui ne connaît pas la crise, et il le doit en grande partie aux confessions santé de la chanteuse Beyoncé ! Or les autres agrumes ont aussi un fort potentiel, en témoigne le rebond de 30% de la consommation d’oranges observé au pic de l’épidémie de Covid-19.
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