La France aura-t-elle bientôt son géant des céréales, du champ à l’assiette ? InVivo, le premier groupe de coopératives agricoles françaises, est entré en négociation exclusive pour racheter l’entreprise familiale Soufflet, un acteur de poids dans la meunerie, le malt et le négoce de céréales. Soufflet, l’entreprise de meunerie familiale devenue en 120 ans le premier collecteur privé de céréales en Europe, n'avait pas de successeur. Ses dirigeants Michel Soufflet, 90 ans, et son fils Jean-Michel, 63 ans, cherchaient donc depuis deux ans un repreneur. Après avoir éconduit un candidat canadien, ils sont entrés en négociation exclusive avec InVivo, la première coopérative de France, qui pourrait racheter Soufflet d'ici la fin de l'année. Sans restructuration, insistent les deux entreprises, qui soulignent plutôt leurs complémentarités. Champs, silos, transformation, négoce InVivo a effectivement des silos dans les ports de Nantes et de Bordeaux, Soufflet dans ceux de Rouen et de la Rochelle. InVivo avait développé la distribution de produits locaux et de vin, en plus des prestations aux agriculteurs, mais avait un peu délaissé le négoce à part celui des oléagineux. Avec Soufflet, elle y remettrait franchement les pieds et s'étendrait dans la transformation boulangère et la malterie, dont Soufflet est l'un des trois grands champions mondiaux. ► À écouter aussi : La stratégie de montée en gamme de Soufflet, géant français des céréales « Le mariage fait sens, estime le spécialiste des matières premières Philippe Chalmin. La France n’avait pas de grand opérateur de taille internationale pour aller sur les marchés mondiaux des grains. Avec le rachat par InVivo de Soufflet, on voit se constituer un pôle important à la fois dans la transformation de la production agricole, la meunerie et la malterie, tout en se fondant sur l’acquis du monde coopératif français. » Soufflet vendu au bon moment La nouvelle entité pèserait 10 milliards d'euros et deviendrait le deuxième opérateur agricole d'Europe. L’offre financière d’InVivo n’a pas été divulguée, mais la vente intervient au meilleur moment pour Soufflet, après une très belle année 2020 pour le négoce agricole, qui a valorisé l’entreprise familiale. L’opération n’est cependant pas acquise. Les négociations ne font que commencer et les autorités de la concurrence devront se prononcer. Même si les marques respectives des deux entreprises demeurent, ce qui posera le problème de la concurrence entre Soufflet et tout un tas de coopératives auprès des agriculteurs, dans certaines zones de France, il risque de ne plus y avoir au bout du compte qu’un seul acheteur de céréales.
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