En France, on est loin des promesses de la loi Égalim. Les négociations commerciales se passent mal entre la grande distribution qui veut tirer les prix vers le bas en cette période de crise et la filière agro-alimentaire qui voit flamber les cours des matières premières agricoles. D’où les mesures annoncées samedi par le gouvernement, pour signaler et sanctionner les prix trop faibles dans les rayons. Une adresse mail (signalement@agriculture.gouv.fr) pour signaler les prix alimentaires en magasin qui paraissent trop bas par rapport aux coûts de production, des contrôles accrus de la répression des fraudes sur les problèmes d’étiquetage et sur les promotions, une procédure visant à sanctionner une centrale d’achat internationale… Le gouvernement lance un avertissement à la grande distribution qui négocie jusqu’à la fin du mois ses tarifs avec ses fournisseurs, dans un climat très tendu. Demandes de baisses de prix « inacceptables » Les enseignes de supermarchés exigent des rabais, alors que les cours des matières premières ont flambé, en particulier les céréales et les oléagineux, ce qui a renchéri les coûts de production de éleveurs et des transformateurs. Le syndicat agricole FNSEA dénonce des demandes de baisses de tarifs « inacceptables » et « l’attitude irresponsable de la grande distribution », qui a pourtant vu son chiffre d’affaires augmenter aux dépens de celui de la restauration hors domicile. L’industrie agro-alimentaire déplore elle aussi des demandes de prix « indécentes » des enseignes, entre -4% et -2,5% de baisse, accompagnées de pressions et de menaces de déréférencement des produits. « La loi Égalim n’a pas atteint ses objectifs », selon le gouvernement On est loin de la solidarité affichée au début de la crise sanitaire, lorsque toute la chaîne de transformation et de distribution alimentaire s’était serré les coudes pour fournir les rayons des supermarchés d’un pays confiné, malgré les problèmes de logistique et de main-d’œuvre. Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie insiste pourtant : « On ne va pas demander aux agriculteurs de supporter la facture de la crise, la loi est là pour ça ». Même s’il reconnaît que cette loi Égalim, entrée en vigueur en 2018, après les Etats généraux de l’alimentation, « n’a pas atteint ses objectifs ». Vers des accords pluriannuels ? Pour corriger le tir, une mission a été confiée au PDG de l’enseigne Système U. Serge Papin plaide pour des accords pluriannuels, « c’est un paradoxe, juge-t-il, de tout remettre en cause de manière annuelle ». Le PDG de la grande distribution souhaite aussi la mise en place d’un « outil de transparence » où « un tiers assurerait au distributeur qui paie plus cher son fournisseur que l’impact est effectif dans les fermes ».
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