En Haïti, l'éducation est devenue une priorité, notamment depuis le séisme de 2010, afin de permettre au pays de se reconstruire, et de se relever. Mais, les défis sont nombreux. De nombreux défis à relever Tout d'abord, parce que le système scolaire d'Haïti est en grande partie géré par le secteur privé, confessionnel ou non. Par manque de moyens financiers, l'enseignement public et gratuit n'accueille que 20% des élèves de l'enseignement primaire. Un véritable sacerdoce pour les enseignants qui, s'ils font partie de la relative classe moyenne d'Haïti, gagnent peu d'argent, comme en témoigne Fabienne, professeur de créole, à l'Externat la Providence. Ensuite, l'accès à l'éducation n'est pas gage de qualité. Entre 2005 et 2015, le taux de scolarisation est passé à 90% . Malgré cela, l'illettrisme touche près de la moitié de la population. En cause notamment : la formation des professeurs. Plus de 65% des enseignants ne sont pas qualifiés, ce qui explique les conditions d'apprentissage défavorables, qui se traduisent notamment par un taux élevé de redoublement et d'abandon. C'est pourquoi les soeurs Salésiennes de Don Bosco ont demandé à Fidesco de leur envoyer un volontaire capable de former les enseignants de sciences. Le besoin était grand pour Soeur Monette Octave, qui a longtemps été responsable du bureau pédagogique des Salésiennes. C'est donc Typhaine Lenoir, professeur de physique et de chimie en France, qui est arrivée il y a deux ans. Si les enseignantes haïtiennes étaient réticentes à se faire former, elles en ont rapidement vu les bénéfices. © Florence Gault / RCF Une formation intégrale humaine et chrétienne Le projet éducatif des Soeurs de Cluny est d'offrir une formation intégrale humaine et chrétienne pour permettre aux jeunes filles d'Haiti de prendre efficacement leur place dans l'Eglise et dans la société. D'où l'exigence portée par Soeur Nadige, la directrice de l'institution du Sacré Coeur, à Port-au-Prince. Lors de la remise des carnets de notes de fin d'année, Soeur Nadige tient à ses élèves un discours aux accents de Martin Luther King. Elles les appelle à devenir des femmes debout, autonomes, afin que chacune puisse devenir celle qu'elle veut être : chefs d'entreprises, médecin, épouse, mère... Un témoignage qui touche Alice Vallet, volontaire Fidesco, qui est conseillère pédagogique au sein de cette école, aux côtés de Soeur Nadige depuis un an. © Florence Gault / RCF L'éducation, avenir d'Haïti Pour de nombreux Haïtiens, le pays ne pourra se relever de ses nombreuses blessures que par l'éducation. C'est le cas de Martino Israël, membre de l'administration de l'école professionnelle Saint-Joseph-Artisan, créée par la communauté de l'Emmanuel. Il a la conviction profonde que le changement ne passera que par la jeunesse... Et dans un pays gangrené par la corruption, par un comportement exemplaire : "ce qui nous manque, c'est l'honnêté. Il nous faut un groupe d'hommes qui se donne totalement pour que les jeunes trouvent des modèles", explique Martino. "Moi, quand j'étais petit, on disait qu'Haïti était un pays d'analphabètes. Aujourd'hui, je pourrais dire qu'il est totalement alphabétisé. Mais, qu'est-ce que ça donne ? Donc, ce n'est pas la question de lire ou écrire qui fait qu'on est éduqué. Mais, c'est ce qu'on a dans la tête." Les défis restent donc encore nombreux en terme d'éducation, notamment sur la question des moyens. Le coût de scolarisation est encore trop élevé pour les familles. De nombreux enseignants souhaitent également changer de regard sur l'enfant pour le considérer comme une individualité propre et non plus comme un simple élément d'un groupe... Afin qu'il puisse apprendre à réfléchir par lui-même et faire ensuite ses propres choix... Émission réalisée en partenariat avec Fidesco
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