Les mots de l'actualité : une chronique pétillante qui éclaire en deux minutes un mot ou une expression entendue dans l'actualité.
La délégation pléthorique de RDC suscite une vive polémique. D’autant que les Léopards ont perdu. Auraient-ils gagné, l’affaire eut été différente ? Mais quand on ne peut se raccrocher à une victoire, que faire de tout ce monde ? En effet il semble que 173 personnes aient été invitées au Caire. En plus des joueurs et de l’équipe technique que les encadrent. Qui sont ces 173 ? Essentiellement des journalistes, des personnalités, des invités privés de la présidence de la République, de ceux qu’on retrouve dans les réunions mondaines et qui sont toujours invités partout ! Et ces 173, il faut les loger. Et pas n’importe où ! Et les nourrir. Et pas n’importe comment ! L’ardoise menace donc d’être lourde, et on parle donc avec animosité d’une délégation pléthorique.
L’adjectif n’est pas si fréquent. Il appartient à une langue surveillée, plutôt écrite, ou alors lue : de l’écrit qu’on lit, qu’on oralise comme on dit. Comme à la radio.
Le sens, on le connaît bien : ça veut dire en grand nombre, en très grand nombre, et même en trop grand nombre ! On a toujours cette nuance d’excès quand on emploie le mot. Non seulement ça, mais il y a le plus souvent une critique implicite : on souligne et on condamne légèrement. Pas plus que ça d’ailleurs : il ne s’agit pas d’une grande envolée pleine d’indignation. Mais on sent un peu de blâme et de réprobation, la plupart du temps.
Cet excès désigné par le mot pléthore ne s’applique qu’aux éléments qui se comptent. L’adjectif est souvent au singulier, avec un sens pluriel : un effectif pléthorique ! Ça veut bien dire qu’il y a trop de monde dans une équipe, un groupe. Mais si l’idée d’excès concerne un ensemble, on n’utilisera pas ce mot. On ne parle jamais par exemple de prix pléthorique ni de somme pléthorique, même si c’est bien trop élevé ! Car on n’a pas l’idée d’un dénombrement précis quand on parle d’une somme. Au contraire, c’est comme si on considérait la bourse qui contient les pièces d’or : on voit la globalité, et non les euros, les roubles ou les dollars.
Alors il y a bien sûr bien d’autres mots qui remplissent cet office et précise par exemple qu’une demande est inacceptable, car trop chère : un prix peut être abusif (on abuse !), exagéré. D’autres adjectifs en rajoutent sur l’idée sur superlatif : c’est exorbitant ! Est-ce que ça veut dire qu’au seul énoncé du prix, vos yeux vont sortir de leurs orbites, sous l’effet de la stupeur comme on le voit dans les dessins animés ? Non, ce n’est pas sûr. À l’origine, exorbité signifie bien qui sort de son orbite, mais c’est à comprendre comme si cette exigence sortait de l’ordinaire, du chemin tracé. Et on parle aussi, entre autres mots, d’un prix prohibitif. Et là l’image est différente : prohiber veut dire à l’origine interdire. Un prix prohibitif évoque que l’achat serait si onéreux qu’iol en est de fait interdit : il décourage l’acheteur éventuel !
Avertissement !
Ce texte est le document préparatoire à la chronique Les Mots de l’Actualité. Les contraintes de l’antenne et la durée précise de la chronique rendent indispensable un aménagement qui explique les différences entre les versions écrite et orale.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF)
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