Au Mexique, l’oxygène est devenu une denrée rare. Dans ce pays qui a dépassé la barre des 150 000 décès, l’accélération soudaine de la pandémie de coronavirus a saturé les hôpitaux du pays et entraîné une explosion de la demande d’oxygène pour des milliers de patients contraints de se soigner chez eux. Dans la capitale, les habitants font la queue dès l'aube devant les établissements qui fournissent bonbonnes et oxygène médical. De notre correspondante à Mexico, Dans la file qui s’est formée devant le local, chaque personne représente un malade du Covid-19, dont la guérison est suspendue à sa prochaine livraison d’oxygène. Les familles qui viennent ici ont déjà accompli l’exploit de se procurer des bonbonnes, elles aussi en pénurie dans la capitale. Désormais elles font plusieurs heures de queue par jour pour les recharger. Alexandra attend à côté d’une bonbonne bleu ciel plus grande qu’elle. « Mon père a besoin d’oxygène, il a attrapé le Covid-19 et son niveau d’oxygène est bas, en dessous du seuil de 90%. Le médecin nous a dit qu’il lui fallait de l’oxygène mais les petites bonbonnes se vidaient si vite qu’on en a cherché une grande », explique-t-elle, puis d'ajouter : « On attend depuis deux heures et demie, et c’est le troisième jour d’affilée qu’on vient les remplir... Beaucoup de points de vente sont en pénurie d’oxygène alors pas le choix, il faut se lever tôt, faire la queue et prendre son mal en patience. » Des patients soignés à domicile face à la saturation des hôpitaux Comme le père d’Alexandra, des milliers de patients se soignent à domicile quelle que soit la gravité de leur état. Les hôpitaux de la capitale sont saturés et les proches des malades se démènent pour pallier le manque de soins. Alexandra décrit la situation : « On est constamment en train de le surveiller, même la nuit, on monitore son niveau d’oxygène et combien il en reste dans la bonbonne. C’est difficile, on ne dort presque pas… Et ce virus nous coûte très cher, il faut payer les médicaments, les recharges d’oxygène. Mon cousin qui m’accompagne a dû demander à son employeur l’autorisation de ne pas se rendre au travail pour gérer tout ça… » Alexandra n’a pas fini sa phrase qu’un homme lui tend une brochure : « Ça peut aider ta famille. Prends, moi, ça m’a beaucoup aidé quand j’étais à l’hôpital. » Le tract vante un faux remède soi-disant capable d’oxygéner les cellules du corps humain. Contrer les arnaques Face à la pénurie d’oxygène, les prix explosent et les arnaques prolifèrent. Daniel Tello a créé un site qui recense les lieux agréés de la capitale et met à jour leur approvisionnement. Son but : contrer les arnaques qui profitent de la détresse des gens. « Les gens cherchent désespérément où se procurer le matériel. C’est pour ça qu'on s’est mis à systématiser un peu toutes ces infos de manière fiable, parce qu’en face les arnaques se multiplient. Il y a ceux qui disent “C’est ma dernière bonbonne, dépêche-toi de me virer la somme, je ne pourrai pas te la réserver longtemps” et toi tu paies ce que tu penses être la dernière bouteille de toute la ville, et à ce moment-là ton interlocuteur disparait. Il y a aussi eu des cas de vendeurs peu scrupuleux qui ont vendu des bonbonnes d’hélium à la place de l’oxygène. » Les autorités ont annoncé l’importation massive de bonbonnes depuis les Etats-Unis et mis à disposition quatre centres de recharge d’oxygène gratuit dans la capitale.
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